La brutalité de l’annonce et sans concertation de la fusion des groupes ALSTOM SIEMENS suscitent d’énormes inquiétudes dans les différents sites d’ALSTOM, auprès des salariés comme des élus concernés. Elles sont d’autant plus importantes que le retrait de la France du capital d’Alstom priverait ainsi notre pays d’intervenir dans les choix stratégiques de ce groupe.

Pour tous, ces fusions sont très souvent synonymes de casse de l’emploi malgré tous les engagements pris, à l’image d’Alcatel vendu à Nokia et qui licencie au bout de trois ans.

Dans la région des Hauts de France, la filière ferroviaire représente 40% de l’activité française, 14 000 emplois et plus de 200 entreprises dont deux constructeurs, ALSTOM Petite Forêt et BOMBARDIER à Crespin.

Vous comprendrez donc nos grandes inquiétudes après une telle annonce et les nombreuses questions qu’elles suscitent.

Dans quelles conditions cette fusion s’est réalisée et pourquoi cette précipitation ? Quels moyens d’interventions aura l’Etat Français s’il se retire du capital sur l’avenir de nos sites, notamment les plus fragiles, au-delà de quatre ans ? Quelles garanties de localiser en France la production pour le marché français de TGV, de trains, de métro et de tramway issues des commandes publiques? Quel avenir pour les sites de Petite Forêt d’Alstom mais aussi pour celui de Bombardier à Crespin?

La filière ferroviaire française occupe la 3ème place mondiale et emploie plus de 21 000 personnes et 84 000 indirect en France. La commission d’enquête parlementaire menée par Alain BOCQUET, député, en 2011, sur l’avenir du ferroviaire puis la loi du 4 août 2014, ont consacré le ferroviaire comme une filière stratégique pour la France.

Pour toutes ces raisons et pour prendre le temps de la réflexion et de la concertation, je vous demande de suspendre cet accord et de tenir une table ronde urgente avec les parlementaires et les élus concernés dont les Présidents de Région, les représentants de salariés et la direction d’ALSTOM. Le Haut Comité du Système de Transport Ferroviaire doit également être saisi.

L’ambition de construire un accord gagnant et équilibré dans le ferroviaire pour construire un géant européen à l’image d’Airbus est toujours à portée de main si, comme dans l’aéronautique, plusieurs Etats européens, dont la France, décident de prendre toute leur place dans le capital d’un tel groupe.

Car nous sommes loin de l’exemple d’Airbus où les Etats Français, Allemands et Espagnols participent ensemble au capital de ce géant aéronautique à hauteur de 26,38%.

Alors soyons ambitieux pour l’industrie française et européenne mais aussi lucide sur les réels objectifs de rentabilité à court terme des actionnaires privés.

Je vous remercie par avance de bien vouloir me faire part des suites que vous entendez donner à ces demandes.

Je vous prie de bien vouloir recevoir, Monsieur le Ministre, l’assurance de ma haute considération.