Le 23 janvier dernier, votre groupe Carrefour annonçait la mise en œuvre d’un plan social affectant les 2 300 salariés de sa filiale de magasins de proximité. Au total, les 273 magasins ex-Dia pourraient être cédés ou fermés, selon vos propos à la presse.

Dans le département du Nord, les employés d’une vingtaine de commerces, souvent essentiels à la vie du quartier où ils sont implantés, redoutent ainsi de voir leur outil de travail sacrifié sur l’autel de la rentabilité. Une perspective d’autant plus incompréhensible que le groupe Carrefour se porte très bien puisqu’il a réalisé un milliard d’euros de bénéfices en 2017 et versé 500 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires. Cela fait d’ailleurs des années que ces bons résultats bénéficient à ces derniers, au détriment des investissements nécessaires, notamment dans le commerce en ligne. Depuis six ans, le versement des dividendes a ainsi augmenté de 41%. Dans le même temps, l’entreprise bénéficiait de quelque 450 millions d’euros d’argent public via le CICE. Un dispositif destiné, rappelons-le, à soutenir l’emploi et l’investissement.

Comment justifier par ailleurs cette nouvelle cession des magasins de proximité (ex-Dia), vendus une première fois en 2011 au profit des actionnaires avant d’être rachetés en 2014 pour 645 millions d’euros, selon les informations publiées dans Le Monde, le 12 février dernier ? Présentée comme une « transformation nécessaire », l’opération semble surtout dictée par des considérations financières.

Alors que vont s’ouvrir les négociations avec les syndicats, à partir du 20 février, je souhaite rappeler les obligations sociales de votre groupe, premier employeur privé français. A défaut de renoncer à ce plan, avec lequel je suis en total désaccord, je réclame pour les salariés des mesures exemplaires. Il me paraît ainsi approprié de différer, au moins d’une année, le versement de dividendes et de consacrer la somme prévue à l’accompagnement social et au reclassement des employés impactés.