Aide à domicile : la protestation contre l’absence de reconnaissance de leur métier

sages-femmes désarroi

A cause du manque d’attractivité ( rémunération basse, métier difficile, manque de reconnaissance, postes en temps partiel, etc ), la profession d’aide à domicile manque d’effectifs pour une population française vieillissante. 

Les aides à domicile ont engagé un mouvement de protestation contre l’absence de reconnaissance de leur métier, dont l’importance a pourtant été, encore une fois, rappelée par la crise sanitaire. 

Madame la Ministre,

Ce lundi 7 juin 2021, les aides à domicile ont engagé un mouvement de protestation contre l’absence de reconnaissance de leur métier, dont l’importance a pourtant été, encore une fois, rappelée par la crise sanitaire.

Sans le dévouement de cette profession, où les femmes sont largement majoritaires (98% ), des personnes âgées ou en situation de handicap, temporaire ou permanent, se seraient retrouvées isolées, voire en grand danger. Les interventions effectuées à domicile ont permis à nos concitoyens, en situation de vulnérabilité, de surmonter les périodes particulièrement anxiogènes de confinement. Les aides à domicile ont ainsi exercé une vigilance auprès d’un public fragile, signalant toute évolution problématique de leur état de santé, leur assurant un minimum de compagnie et de lien social, en veillant à leur hygiène et au suivi de leur traitement médicamenteux.

Bien que les aides à domicile aient, une nouvelle fois, fait la preuve du caractère indispensable de leur métier et méritent la reconnaissance de la communauté nationale, elles et ils demeurent soumis à la précarité, leur activité fluctuant au gré des contrats, au bon vouloir de leurs employeurs. 86% des aides à domicile exercent à temps partiel, ce régime offrant à leurs employeurs une flexibilité pour remplacer les absences pour arrèt maladie ou congés.

Aussi ces femmes et ces hommes, qui contribuent au maintien à domicile d’un public fragile et palli􀁁nt le manque criant de places en structures spécialisées (en EHPAD ou en établissements hospitaliers notamment) revendiquent-ils légitimement une reconnaissance de leur engagement au service de la collectivité. Ils appellent à une définition claire de leur statut, de leur profession et demandent à disposer de la juste rémunération d’un travail particulièrement rude. Faut-il rappeler que les aides à domicile connaissent un taux d’accident du travail supérieur à celui des salariés du bâtiment, comme l’indiquent les statistiques de !’Assurance maladie? Et cela, pour n’atteindre le SMIC qu’après 17 ans d’ancienneté !

La profession demande également la mise en place d’une unique convention collective intégrant les spécificités du métier et clarifiant, entre autres, les contraintes en matière de trajet, le remboursement des frais de transport ( carburant, assurance, frais kilométriques … ), les temps de repos et d’astreinte.

Compte tenu de la diversité de la situation de leurs employeurs (des secteurs public ou privé, notamment associatif) et des grandes disparités budgétaires entre les Départements qui co-financent ces services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) et services de soins infirmiers à domicile (SSIAD), il est essentiel que l’Etat s’engage financièrement auprès des collectivités territoriales et des employeurs pour revaloriser le salaire des aides à domicile.

Sans cet engagement, les inégalités entre salariés ne feront que se renforcer, de- mème que s’aggraveraient les difficultés des SAAD et SSIAD intervenant auprès des publics les plus indigents qui, déjà aujourd’hui, peinent à faire face au reste à charge des aides à domicile intervenant chez eux.

Sachant que la profession d’aide à domicile est déjà un métier en tension, il est essentiel de le rendre attractif sans plus tarder. Si la profession compte quelque 350 000 salariés, les besoins de la population devraient déjà aujourd’hui entraîner le recrutement de 68 000 aides à domicile supplémentaires. Compte tenu du vieillissement de la population, d’ici à 2030, ce seraient 300 000 aides à domicile de plus qui seraient nécessaires pour faciliter le maintien à domicile de nos aînés.

Mieux encadrer et rémunérer la profession d’aide à domicile devient donc un enjeu de société, qui ne peut se satisfaire du seul avenant 43, qui ne concerne que les salariés du secteur associatif.

li s’agit donc de poursuivre le dialogue engagé avec les représentants des aides à domicile et de leurs employeurs, mais aussi les Départements de France, afin d’arrêter les modalités d’une juste reconnaissance de la profession, d’harmoniser les pratiques des employeurs, de bâtir un plan de formation des salariés qui interviennent auprès d’un public en perte d’autonomie, de plus en plus fréquemment atteint de pathologies liées au vieillissement.

Il n’est plus possible de différer les suites à donner aux justes revendications de ces salariés, sauf à aggraver la pénurie d’aides à domicile déjà existante et laisser en déshérence nos concitoyens les plus modestes ou les plus vulnérables.

En vous remerciant par avance pour les suites que vous réserverez à la présente, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma haute considération.

Fabien Roussel,

Député du Nord      

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