Industeel, fleuron industriel français en danger

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L’annonce faite par le groupe Mital de céder l’ensemble de sa filiale Industeel, fleuron industriel français, sème le doute parmi les salariés, et risque d’affecter encore un peu plus notre tissu industriel.

Le gouvernement doit peser de tout son poids pour que ce projet de cession, s’il devait être mis en oeuvre, se fasse sous conditions strictes.

Madame la Ministre,

Je me suis rendu ce jeudi 3 juin sur le site Industeel du Creusot, à l’invitation du syndicat CGT de l’entreprise.

Vous le savez, Monsieur Mittal a annoncé sa volonté de céder l’ensemble de sa filiale Industeel, composée de 7 entreprises dont 3 principaux sites de productions complémentaires en termes de produits et alimentés chacun par des aciéries électriques indépendantes, à demeure, utilisant comme matière première des ferrailles issues du recyclage.

Deux sites importants sont localisés en France, le premier à Châteauneuf, dans la Loire, qui compte environ 300 salariés, le second au Creusot, en Saône-et-Loire, employant quelque 800 salariés, d’ores et déjà touché par la mise en place d’un plan stratégique visant à supprimer 110 équivalents temps plein.

Toutes ces entreprises travaillent également en étroite collaboration avec le centre de recherche des matériaux du Creusot (CRMC), qui serait lui aussi proposé à la vente, et qui compte une centaine d’ingénieurs dans la création et le développement de nouveaux alliages pour les domaines, entre autres, du nucléaire, de l’aéronautique ou de la pétrochimie.

Industeel constitue donc un fleuron industriel de notre pays, qui exporte ses produits à l’international et son savoir-faire est reconnu dans le monde entier depuis plusieurs décennies. L’entreprise contribue également à l’indépendance de notre pays, que ce soit dans les domaines énergétique (nucléaire, hydroélectrique) ou militaire.

Je me permets d’insister tout particulièrement sur les enjeux en matière de transition écologique. Outre la production de matériaux de qualité pour la géothermie, la production de bio gaz, le stockage de CO2 sous terrain, le solaire à concentration, l’entreprise participe à la cohérence du formidable potentiel de production électrique décarbonée, comme maillon essentiel de l’industrie nucléaire. C’est le cas au Creusot notamment où Framatome approvisionne directement sa forge en lingots d’Industeel.

Arcelor-Mittal et son principal actionnaire, qui ont préféré ponctionner la trésorerie de l’entreprise toujours excédentaire plutôt que d’investir dans la modernisation de l’outil de production, ne peuvent pas décider seuls aujourd’hui de son devenir. Ils ont distribué beaucoup de dividendes, remboursé des dettes d’acquisition auprès des banques grâce aux excédents de l’entreprise et souhaiteraient désormais se débarrasser de celle-ci et de ses salariés, en laissant derrière eux un outil de production vieillissant, qu’ils préconisent de moderniser avec des investissements sur les fonds propres de l’entreprise, pourtant insuffisants.

La CGT, comme certains élus locaux dont le Maire du Creusot que j’ai également rencontré, ont interpellé plusieurs ministères, dont le vôtre, pour faire part de leurs inquiétudes et de leurs propositions quant à ce projet de cession et à ses conditions de mise en œuvre.

Avec eux, je considère que le gouvernement doit peser de tout son poids pour que ce projet de cession, s’il devait être mis en œuvre, se fasse sous conditions strictes.

Il devrait d’abord concerner un repreneur aux solides garanties financières et à la hauteur du caractère stratégique des marchés d’Industeel. Notre souveraineté militaire et énergétique est trop importante pour que l’avenir de l’entreprise ne soit pas adossé à un projet ambitieux de développement industriel. A ce titre, il doit garantir des investissements massifs, pour moderniser l’outil de production mais aussi pour préserver et valoriser les savoir-faire existants, avec le maintien des emplois, le recrutement et la formation de salariés sur des emplois durables, plutôt que le recours massif à l’intérim et aux contrats précaires. Enfin, si ce projet de cession devait se réaliser, il devrait intégrer le maintien et le développement de son centre de recherche, pour hisser encore les capacités d’innovation de l’entreprise.

A ce jour, faute de transparence de la part d’Arcelor-Mittal et de son principal actionnaire et de réponses claires de votre collègue Madame Agnès Pannier-Runacher lors de sa rencontre avec les organisations syndicales, aucune garantie n’est apportée en ce sens, bien au contraire, l’histoire ayant montré les désastres sociaux et économiques engendrés par les stratégies purement financières d’Arcelor-Mittal, à Florange et Gandrange.

Il revient donc à l’État de faire entendre fortement sa voix sur ce dossier stratégique et d’imposer un projet, avec ou sans Arcelor-Mittal, mais garant de l’intérêt des salariés, des territoires et plus globalement de la souveraineté de la France.

Avec les salariés et les organisations syndicales, avec les élus locaux, je souhaite donc connaître les initiatives prises par le gouvernement ainsi que ses intentions futures sur ce dossier, dont l’issue ne peut dépendre des intérêts de Monsieur Mittal.

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.

Fabien Roussel,

Député du Nord      

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