27 mai 2019 – Anzin – Stèle en mémoire d’Eusébio Ferrari 

Hommage à Eusébio Ferrari et aux jeunes résistants morts pour la France à l’occasion de la Journée nationale de la Résistance

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

Cette cérémonie d’hommage intervient à l’occasion de la Journée nationale de la résistance. La date du 27 mai a été choisie car c’est lors de cette journée historique, qu’en 1943, s’est tenue la première réunion du Conseil national de la Résistance, sous la présidence de Jean Moulin.

Dans un Paris occupé par l’envahisseur nazi, les représentants des différents mouvements de la Résistance française, des partis politiques et syndicats interdits par l’occupant se retrouvaient pour coordonner leurs efforts afin d’œuvrer à la libération de la France et de poser les bases d’une nouvelle République.

Ce 27 mai, des Français, de sensibilités diverses, ont ainsi surmonté leurs divergences et uni leurs forces, leurs voix pour lutter ensemble contre la barbarie nazie et ses complices du régime de Vichy et envisager l’avenir du pays autour d’un projet fondé sur des principes partagés de justice, de solidarité et de tolérance.

Cette journée de célébration de la Résistance nous permet d’honorer la mémoire de jeunes Résistants du Nord qui ont héroïquement mis leur vie en danger pour que vive la République française.

Nous célébrons tout particulièrement ici le sacrifice d’Eusébio Ferrari, tombé à 22 ans  sous les balles d’un policier collaborant avec l’Occupant. A sa mort, s’ajoutent celles de deux de ses frères d’armes, René Denys et Tadeusz Cichy-Pawlowski, tués à Anzin et à Bruay-sur-l’Escaut, eux-aussi en février 1942. Leur héroïsme a marqué l’histoire de la Résistance dans le Nord-Pas-de-Calais.

Leur engagement dans la lutte contre l’occupant fut très précoce ; dès juin 1940, Eusébio Ferrari exprime sa volonté de résister, appelant les Français à ne pas céder au fatalisme lié à la défaite militaire et à se lever contre l’oppression.

Dans la nuit du 30 juin 1940, il accroche en haut d’un pylône électrique un drapeau rouge où figure le message « Courage et confiance, nous vaincrons ». Il multipliera les actions symboliques, affichant des drapeaux rouges ou le drapeau tricolore, telle l’action menée sur le terril de la fosse Agache, le 1er mai 1941.

Dès l’année 1940, un vent de révolte s’est levé dans la région Nord-Pas-de-Calais, que rien n’apaisera. En novembre, les mineurs font grève dans le Valenciennois, dans le Douaisis et dans la région lensoise. Le bassin minier occupera ainsi une grande place dans la libération de notre région et de notre pays. Durant l’hiver 1940-1941, 20 000 mineurs sont en grève entre Douai et Valenciennes. Le rationnement en pommes de terre, les cadences infernales pour fournir du charbon aux Allemands, les prix des denrées alimentaires en hausse de 100% suscitent une fronde générale. La grande grève des mineurs de mai-juin 1941 est alors à l’image des premiers combats organisés contre l’occupant.

De nombreux jeunes, hommes et femmes, de toutes confessions, politiques, religieuses ou syndicales, se mobilisent, prêts à en découdre, les armes à la main. Parmi eux, des combattants d’origine étrangère, recrutés au sein des FTP MOI comme le poète arménien Missak Manouchian, prêts à sacrifier leur vie pour leur pays d’accueil, au nom d’un idéal partagé, celui de la liberté et de la République. 

Tous ont à peine vingt ans au début de la guerre, tout juste sortis de l’adolescence pour affronter leur tragique destin. Qui pouvait penser alors qu’ils contribueraient, avec d’autres, à renverser un tel ennemi, au faîte de sa puissance ? Qu’en distribuant des tracts, des journaux, au péril de leur vie, en entonnant la Marseillaise ou l’Internationale comme on lance un défi, ces jeunes renverseraient le cours de la guerre ?

La leçon que nous adressent, à quelques décennies de distance, Eusébio Ferrari et ses compagnons tient en quelques mots : ne jamais baisser les bras. Ayons cette recommandation en tête au moment où, de toutes parts, la paix est menacée dans le monde et où les nationalismes grandissent en France comme en Europe.

Ne laissons pas se rejouer dans notre pays le sinistre feuilleton de la montée inexorable des partis d’extrême-droite qui font de l’étranger le bouc émissaire de nos difficultés, comme les nazis auparavant avec les juifs.

Les résultats du scrutin d’hier soir appellent les progressistes à s’unir, à travailler ensemble pour offrir une autre perspective au peuple de France, pour faire reculer la pauvreté et faire vivre les valeurs d’égalité et de fraternité.

C’est que je souhaite le plus aujourd’hui au fond de mon cœur, en pensant à Eusébio, René et Tadeusz, trois frères d’origine italienne, française et polonaise, unis pour défendre notre République, notre Liberté.

Fabien ROUSSEL, Député du Nord