L’hôpital sommé de faire 960 millions d’euros d’économies…

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Décidément, les masques tombent. Alors que le président de la République vient d’annoncer la suppression de l’exit tax, nouveau cadeau déposé dans la corbeille des ultras riches, l’hôpital public, lui, doit se serrer la ceinture comme jamais. Dans une circulaire diffusée en avril, la ministre de la Santé fixe le niveau des économies à réaliser en 2018 pour les établissements de santé : pas moins de 1,6 milliards d’euros, dont 960 millions pesant directement sur le budget des hôpitaux. Concrètement, décrypte le président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux, « c’est comme si on nous demandait de supprimer 15 000 emplois ». Et cela alors que la souffrance au travail n’a jamais été aussi grande. « Neuf suicides entre septembre 2016 et septembre 2017 à l’Assistance publique- Hôpitaux de Paris, sans compter les tentatives qu’on ignore, les burn-outs, les arrêts de travail… » rappelle le syndicat Sud-Santé.

Comment réaliser une telle économie de 960 millions d’euros ? Tout simplement par une moindre augmentation du budget des hôpitaux, circonscrite à 2% au lieu des 4% correspondant aux prévisions des dépenses. La potion est non seulement amère, mais potentiellement mortelle pour notre service public de santé. Aucune prise en compte des besoins réels, absence totale de considération pour des personnels à bout de souffle, abandon progressif de l’accès aux soins pour tous : voilà la logique dévastatrice d’une vision purement comptable de la santé publique. Elle est inacceptable, en totale contradiction avec les objectifs fixés à la création de la Sécurité sociale, au sortir de la Seconde guerre mondiale.

La feuille de route adressée aux directeurs des agences régionales de santé, loin des belles paroles prononcées ici et là par le gouvernement, impose la froideur clinique des chiffres à toute autre considération. « Des économies de fonctionnement sont attendues des établissements de santé à travers l’évolution de leurs modalités de gestion interne ou de prise en charge des patients », prévient sans ménagement le docteur Buzyn. Bien sûr, pas question, dans un tel contexte, d’adresser le moindre geste de reconnaissance aux agents hospitaliers. Loin de là. « L’évolution des organisations hospitalières doit également permettre de limiter le taux global national d’évolution de la masse salariale de 1,59% en 2018 », exige encore la ministre de la Santé. En clair, pas question de laisser échapper le moindre euro dans des dépenses jugées inutiles, au nom d’une soi disant rigueur budgétaire érigée en totem. Quelle hypocrisie ! Et surtout quelle arrogance de la part d’un gouvernement qui distribue depuis un an les milliards aux très fortunés (suppression de l’ISF, de la taxe sur les transactions financières, instauration du prélèvement forfaitaire unique…) et serre la vis pour le plus grand nombre.

Il faut faire 960 millions d’économies à l’hôpital ? Il n’y a pas à chercher bien loin pour les trouver : c’est à peu de choses près ce qu’a rapporté l’exit tax en 2017…