Après le rejet de la fusion entre Alstom et Siemens, construisons une véritable coopération ferroviaire en Europe

Comme prévu, l’Union européenne a rejeté ce mercredi matin la fusion entre Alstom et Siemens. La Commission a interdit cette concentration parce que les deux parties « n’étaient pas disposées à remédier aux importants problèmes de concurrence relevés », a souligné la commissaire Margrethe Vestager.

Cette décision ne doit surprendre personne. Dès l’annonce de ce projet, le 26 septembre 2017, j’avais pris l’initiative de demander une commission d’enquête à l’Assemblée nationale. Depuis, les salariés des deux entreprises, et leurs syndicats, n’ont cessé d’alerter sur les dangers d’une telle absorption/fusion, au profit de Siemens Mobility, promis à diriger le futur ensemble. Dans leur sillage, les autorités de concurrence britannique, néerlandaise, belge, espagnole et allemande avaient elles aussi contesté ce rapprochement, au nom « d’une perte globale de concurrence ».

 D’autres risques étaient parfaitement identifiés : la mise en place de restructurations entre les deux groupes se serait en effet traduite, à terme, par des ventes d’activités et la suppression de 4 à 7000 emplois, selon les projections syndicales.

L’entêtement du gouvernement français, tout comme les certitudes affichées par les responsables des deux groupes, n’ont donc pas troublé le bon sens. 

L’arbitrage de la Commission Européenne ouvre aujourd’hui une nouvelle voie pour bâtir un autre projet. Pour répondre aux besoins des habitants de l’Union européenne et face à la concurrence internationale, la réponse passe par la coopération la plus large, associant les Etats et les industriels, au sein d’un Groupement d’intérêt économique (GIE). Cela passe aussi par la mise en place d’un European Buy Act pour protéger notre marché et assurer la localisation des productions.

C’est de cette manière, et non par des rapprochements purement capitalistiques, que l’on pourra impulser un grand plan de développement du fret ferroviaire à l’échelle de l’Union européenne pour relever le défi écologique.  La Banque centrale européenne jouerait pleinement son rôle en finançant à taux zéro une telle démarche industrielle.

                                                                                                            Fabien ROUSSEL                                                                  Député du Nord