De trop nombreux chefs d’entreprise se plaignent de ne pas trouver de salariés qualifiés pour répondre à leurs besoins d’embauche. Et dans le Valenciennois, terre d’industrie, cette situation paraît inconcevable au regard des chiffres du chômage : plus de 38 000 personnes sans emploi, fin 2017, dans notre arrondissement.

Pourtant, c’est une réalité. De nombreux métiers sont en tension et il est difficile de recruter des électromécaniciens, des chaudronniers, des soudeurs ou dans différents métiers de la maintenance, du contrôle industriel ou du pilotage des procédés.

Dans un tel contexte, la réduction des dotations horaires d’enseignement dans certains établissements professionnels va à l’encontre du volontarisme de l’exécutif. Elle traduit à l’inverse une tendance préoccupante pour notre industrie : le faible investissement dans des filières pourtant riches en perspectives d’emplois mais insuffisamment mises en valeur. Les conséquences sont désastreuses. Les diminutions d’effectifs, programmées, se traduisent dans les lycées professionnels par des suppressions de demi-classes et, par incidence, des suppressions de postes d’enseignants. Un véritable gâchis, particulièrement dans des territoires où la demande pour ces qualifications est à nouveau très forte.

Ainsi en est-il pour le lycée du Pays de Condé, à Condé-sur-Escaut, où les filières électrotechnique et maintenance sont porteuses d’emploi, comme en témoignent les récentes annonces des entreprises Toyota, à Onnaing (700 emplois ; 9 km de l’établissement), Safran, à Sars-et-Rosières (200 salariés, d’ouvrier à ingénieur; 20 km de l’établissement), Sevelnord à Bouchain (600 intérimaires d’ici mai 2018 ; 38 km de l’établissement) et Lutosa (30 électrotechniciens ; 8 km de l’établissement). Et ce ne sont que les exemples les plus récents.

Pourtant, les deux filières, électrotechnique et maintenance, seront touchées de plein fouet par la diminution de la Dotation horaire globale allouée au lycée du Pays de Condé pour 2018-2019.

En baisse de 114 heures pleines pour la section d’enseignement professionnel (SEP), elle induit la fermeture de deux demi divisions de Bac Pro électrotechnique et une demi division de maintenance. Comment accepter une telle perspective dans un contexte économique en voie d’amélioration?

Ces baisses de dotations et fermetures de divisions (le bac pro gestion administrative est également menacé) sont d’autant plus incompréhensibles dans un bassin comme celui du Pays de Condé, où l’emploi des jeunes doit constituer une priorité absolue. C’est d’ailleurs dans cet esprit que des passerelles ont été mises en place dans ce lycée pour permettre aux élèves qui le souhaitent de se réorienter en cours d’année de l’enseignement général vers l’enseignement professionnel. A titre d’exemple, la seconde électronique est ainsi passée de 10 à 22 élèves entre la rentrée de septembre 2017 et celle de janvier 2018.

Classé « sensible », le lycée du Pays de Condé a besoin d’une SEP solide, adaptée aux capacités des jeunes et au marché de l’emploi. C’est la raison pour laquelle l’établissement doit pouvoir disposer d’une Dotation horaire globale à la hauteur des besoins pédagogiques.