Détenu à 100% par l’État, le Laboratoire du fractionnement et des biotechnologies (LFB) s’apprête à tourner le dos à sa mission de service public en ouvrant son capital au privé. Cette perspective, synonyme de marchandisation du don du sang, met en péril la fabrication de dix médicaments destinés à soigner des maladies rares, au seul motif qu’ils ne seraient pas « rentables ». En l’absence de certitudes sur l’existence de médicaments alternatifs abordables à l’étranger, un tel arrêt signifierait clairement une mise en danger d’une partie des patients concernés en France.

Sous l’impulsion d’investisseurs privés, qui pourraient monter dans le capital à hauteur de 49%, LFB annonce un « recentrage sur son cœur de métier ». Une formule héritée du marketing, derrière laquelle se dissimule en réalité la recherche du profit à tout prix. Concrètement, l’établissement, qui dispose de 18 Autorisations de mise sur le marché (AMM) en France, ne devrait plus fabriquer que cinq médicaments, les plus rentables, dans la future usine d’Arras, pour laquelle 62 millions d’euros ont déjà été engagés. La création de 250 emplois est certes envisagée à l’horizon 2024, mais pour l’instant, c’est un plan social de 120 suppressions de postes qui vient d’être lancé, tandis que la filiale CellForCure, forte d’une centaine de salariés, est en cours d’acquisition par le groupe pharmaceutique suisse Novartis.

Dictée par des difficultés financières réelles, mais aussi par un rapport de la Cour des Comptes pointant des dépenses d’investissement dans les biotechnologies jugées trop coûteuses, la nouvelle stratégie de LFB se concentre sur la fabrication et la commercialisation des seuls médicaments plasmatiques, au détriment de la recherche et du développement.

Cette décision pourrait poser à terme poser un problème de santé publique et générerait une hausse des prix, en France dans un contexte de pénurie mondialeAprès l’affaire du sang contaminé dans les années 1980, l’Etat avait en effet recommandé la sécurisation virale des produits vendus après la maladie de la vache folle en 2000. Comment faire demain en cas de virus émergent si la recherche et le développement ne sont plus suffisamment assurés ?

La santé publique, particulièrement quand elle s’appuie sur la générosité du don humain, ne peut pas être marchandisée.

C’est la raison pour laquelle je demande à la ministre de la Santé et des Solidarités de maintenir la participation de l’État à hauteur de 100% dans le capital du (LFB) et de lui accorder les moyens financiers nécessaires pour assurer sa mission de service public.