Le budget des anciens combattants subit depuis 10 ans une baisse continuelle : 17% en moins entre 2007 et 2012, et 15% entre 2012 et 2017.
Chaque année, le ministère justifie cette baisse par la diminution du nombre des anciens combattants et chaque année, les associations et les parlementaires demandent que cette baisse naturelle du nombre d’anciens combattants soit au contraire l’occasion de répondre aux attentes qui s’expriment depuis longtemps.

Nous avons donc ici une responsabilité importante de répondre enfin à ces dizaines de milliers d’hommes et de femmes.

En 2018 le budget des anciens combattants suivra malheureusement cette tendance avec 67 millions d’euros en moins.
Malgré cette baisse il répond à plusieurs préoccupations, notamment en faveur des Harkis et des pensions.

Il y a des attentes très fortes qui resteront encore cette année insatisfaites, sauf si nous en décidions autrement ici.

Bien sûr nous ne pourrons pas répondre à tous, mais il y a quand même des sujets récurrents tels que l’attribution de la carte du combattant à ceux qui ont été envoyés en Afrique du Nord jusqu’en juillet 1964. Ils attendent depuis 50 ans d’être enfin reconnu par la Nation ! Le débat en commission a montré qu’il fallait aller vite sur cette question. Nous pouvons ici même décider d’y répondre et envoyer un signal fort au monde combattant.

Il y a aussi la pension du combattant que vous décidez d’augmenter de deux points et cela va dans le bon sens. Et à ce titre les associations demandent là aussi depuis longtemps que l’évolution de ce point, « le rapport constant », puisse être actualisée et redéfinie par une commission tri partite car il a perdu 43% de sa valeur au fil du temps. D’autant qu’il est accroché à la valeur du point d’indice des fonctionnaires qui est désormais gelé !

Nous avons également défendu le droit à l’indemnisation demandé pour ces pupilles de la Nation dont les parents sont « Morts pour la France » entre 1939 et 1945 et dont le coût peut être étalé sur plusieurs années.
Enfin, le monde combattant demande également d’attribuer le bénéfice de la campagne double en fonction du temps passé sur le théâtre de guerre et non en fonction des actions de feu.

Ces revendications sont portées très largement par les associations. Et ce sont celles aussi que le candidat à la présidentielle, élu depuis, s’est engagé à honorer. Ce sont les points 2,3,4 et 5 que je tiens à votre disposition. Vous comprendrez donc que les attentes sont fortes aujourd’hui.

Nos échanges de la semaine dernières ont également montré qu’il existait encore des mesures de justice et d’équité très attendues, telles que le bénéfice de la demi part aux veuves dont le mari est décédé avant 74 ans. Il s’agirait dans ce cas de demander au ministère des finances d’appliquer avec souplesse et humanité la réglementation comme cela se pratiquait les années précédentes. Vous pouvez, Madame la Ministre, donner une instruction dans ce sens.
Nous avons été alertés également sur la situation financière des veuves des grands invalides de guerre qui subissent une chute de revenus énorme suite au décès de leur mari. De même concernant le grand dénuement de nombreuses veuves d’anciens combattants. Les crédits existent pour répondre à ces urgences sociales.
Enfin, lors de nos auditions, y compris dans le Nord avec les représentants locaux des associations, nous avons pu constater le rôle important des bénévoles.

Ces derniers apportent beaucoup de réconfort et d’aides aux anciens combattants membres de leurs associations. Beaucoup vivent dans la plus grande détresse, frappés par la pauvreté et la solitude. Ce lien humain, indispensable, existe grâce à la présence des associations et aux soutiens du ministère et de l’ONAC. D’où les inquiétudes qui s’expriment sur le budget de l’ONAC qui est constant alors que ses missions s’élargissent et que de nombreux anciens combattants ont des ressources inférieures au seuil de pauvreté. Il est d’ailleurs demandé par mes collègues d’harmoniser ses procédures et le montant des aides attribuées suite à la suppression de l’allocation différentielle.

De nombreux amendements vous proposent de corriger ces inégalités.

Enfin, il y a ces réservistes qui défendent le sol national, à l’intérieur de nos frontières et qui ne partiront pas en OPEX. Certains participent à l’opération Sentinelle. N’y a-t-il pas à réfléchir à un titre de reconnaissance au titre de la défense de la Nation ?

Tout comme cette demande récurrente de réhabiliter les Fusillés pour exemple de la Grande Guerre.
Madame la Ministre, l’année 2018, l’année du centenaire, peut être l’occasion de répondre à ces toutes questions, très légitimes. Avec un budget constant durant tout ce mandat, nous pourrions y arriver.

C’est pourquoi nous sommes nombreux ici à vous demander de pouvoir vous y engager dès cette loi de finance car le temps presse et pourquoi pas de profiter de la Loi de finance rectificative.

Nos anciens combattants et leurs veuves vieillissent et le devoir de la Nation à leur endroit ne doit pas faillir. Alors faisons en sorte qu’il n’y ait dans notre pays aucun oublié de la République.