Madame la Garde des Sceaux,

Ce lundi matin, je suis allé à la rencontre des agents de la Maison d’arrêt de Valenciennes, touchée par un mouvement social. J’ai pu échanger avec les représentants du personnel issus des organisations syndicales FO, UFAP, CGT et CFDT.

Unanimement, ils m’ont fait part de leurs grandes difficultés pour exercer leurs missions de service public.

Ainsi, l’établissement pénitentiaire connaît-il une situation de surpopulation carcérale.  339 détenus occupent en effet 212 places théoriques. A cela, s’ajoute un réel manque d’effectifs, le personnel ne comptant que 70 surveillants, en constant roulement.

En conséquence, les agents constatent une forte dégradation du climat au sein de la Maison d’arrêt. Faute d’être suffisamment nombreux, les surveillants se sentent en grande insécurité et ne sont plus en mesure d’assurer la protection des détenus « primaires », qui côtoient des multirécidivistes, dangereux ou radicalisés.

Pour ces détenus « primaires », incarcérés pour la première fois pour des délits routiers, des manquements au versement de pension alimentaire, etc., le passage par la Maison d’arrêt constitue une expérience particulièrement traumatisante.

Au fil des années, la Maison d’arrêt de Valenciennes a vu émerger des zones de non-droit. En outre, chaque week-end, les délinquants les plus endurcis sont pourvus en téléphones, armes blanches et autres stupéfiants, via l’envoi de « missiles » lancés par des complices depuis l’extérieur de l’établissement. Les expéditeurs de ces « missiles » n’hésitent pas à bloquer la voie publique pour opérer leurs méfaits.

Mes interlocuteurs ont également attiré mon attention sur la question des moyens du Pôle de rattachement des extractions judiciaires (PREJ) chargé d’assurer les convois des détenus vers le Tribunal. Pour cette tâche, seuls 4 agents sont mobilisés pour escorter des individus souvent dangereux, dont les réactions sont imprévisibles.

Pour remédier à cette situation éminemment préoccupante, les personnels de la Maison d’arrêt revendiquent l’affectation de 10 surveillants supplémentaires et la fin des heures supplémentaires imposées.

De plus, ils demandent à vivre dignement de leur profession et sollicitent une revalorisation de leur salaire. Cela paraît d’autant plus recevable lorsqu’on considère la seule question des dimanches travaillés. Pour dix heures d’exercice, les agents ne perçoivent que 17 € de plus, soit une misère.

Considérant l’ensemble de ces éléments et ne pouvant admettre que, dans un établissement pénitentiaire, les surveillants se trouvent désormais dans l’incapacité de faire respecter l’ordre et l’autorité, je vous demande de prendre en considération les revendications du personnel et de leur donner les moyens d’exercer au mieux leurs missions.