Cinq années de déficit sur six. Un manque à gagner record de 23,5 millions d’euros en 2016. À ce tarif-là, l’entreprise Kéolis, qui gère le réseau de transports publics de la métropole lilloise, n’a pas fini de se faire du mouron. D’autant que la fraude, à elle seule, coûte encore 10 millions d’euros au délégataire, malgré des mesures drastiques pour ramener le taux de 18,3% à 12,9%. Un seuil encore assez loin de la moyenne nationale, établie à 8,9%, elle même largement au-delà des 3,1% recensés dans les grandes métropoles occidentales.  Le problème pour Kéolis semble donc impossible à résoudre. Pourtant, une solution toute simple existe, écologique et citoyenne : la gratuité totale.

En France, une vingtaine de collectivités l’ont déjà adoptée, avec des résultats très probants. À Châteauroux (47 000 habitants), la fréquentation a été multipliée par deux depuis l’instauration de la mesure, en 2001. Depuis le 1er septembre 2017, la communauté d’agglomération du Niortais

(120 000 habitants) a franchi le pas avec conviction, la billetterie ne représentant, comme souvent, que 10% du coût du réseau. Tout près de nous, l’agglomération de Dunkerque

(200 000 habitants) a fait le même pari gagnant. Mise en place cette année, la gratuité le week-end a certes privé l’exploitant de 8% des recettes mais la fréquentation a doublé. L’extension du dispositif pendant toute la semaine, programmée en 2018, sera assurée par l’impôt, le versement de la taxe transport des entreprises et une partie du budget général de la communauté urbaine.

« Les transports publics ne sont pas rentables et ne le seront jamais », évalue Maxime Huré, chercheur à l’université de Perpignan, spécialiste des questions de mobilité, la gratuité est un choix politique d’allocations de ressources publiques ».

Cette vision, nous la portons depuis longtemps. Elle figure dans le budget alternatif 2018 que nous diffuserons au cours des prochaines semaines. Avec le sentiment de nous inscrire résolument dans un avenir plus respectueux de l’environnement et plus équilibré. Dans le monde, une centaine de réseaux de transports publics ont déjà fait ce choix.